Sans doute as-tu constaté, comme moi, que la Vie est le plus grand des maîtres. Chaque instant qui nous est donné est une opportunité de découvrir ce qui se cache derrière le voile des apparences. Un voile solidement tissé au fil des ans et qui ressemble à un ensemble de filtres inconscients au travers duquel, à chaque instant, nous interprétons le Monde. La trame de ces filtres ou paradigmes, est faite de notre culture, de l’éducation que nous avons reçues, des croyances que nous avons acceptées ou rejetées au cours de notre vécu particulier ainsi que de notre personnalité unique. Tout cela constitue notre conditionnement personnel, la substance psychique qui fait l’immense force de nos habitudes.

Nous avons tendance à penser que tout ce que nous percevons du monde est objectif, réel. Pourtant la mouche, le dauphin ou le chêne perçoivent-ils le monde à l’identique ? Non, bien entendu. Même ma conjointe semble ne pas percevoir les mêmes choses que moi lorsque nous sortons nous promener ensemble ou que nous assistons à un spectacle 😀  Il y a le niveau des perceptions sensorielles et celui des interprétations cognitives. Tout cela se joue à notre insu, en quelques millisecondes qui déterminent « ce que nous voyons » du Monde, le sens de la vie. Mais, au final, cet ensemble de sensations, de perceptions et d’interprétations uniques constitue simplement notre « modèle du monde personnel » et pas la réalité telle qu’elle existe vraiment.

Ce que nous appelons « réalité » n’est donc qu’une façon subjective, relative et contextuelle d’interpréter le Monde qui nous entoure afin de le comprendre, de nous y orienter et de le maîtriser. Le modèle du monde que nous défendons, que nous promouvons et que nous transmettons à nos enfants n’est qu’une façon parmi des milliards de considérer la nature de la réalité. D’ailleurs, ce qui nous paraissait « vrai » hier ne le sera peut-être plus demain, peut-être à cause d’une expérience nouvelle, d’une perte ou d’une maladie qui modifiera en profondeur notre perception et notre compréhension de la Vie. Tout change en permanence. « La seule certitude, c’est que rien n’est certain », écrit Pline l’Ancien. Autant alors apprendre à rire de nos certitudes d’hier et ne pas nous prendre trop au sérieux. Veillons à ce que nos convictions d’hier n’empêchent pas les découvertes d’aujourd’hui.

Lila ou le jeu de la vie

La philosophie indienne utilise un mot sanskrit « Lila » qui signifie « jeu »: la Vie ne serait finalement qu’un immense jeu, un ballet des âmes orchestré par les divinités dans une fabuleuse danse cosmique. Le divin se cacherait derrière la « Maya », c’est-à-dire derrière la magie des apparences du monde des phénomènes, illusoires, perçus par nos sens. Au cours d’une vie, nous expérimentons la magie des sensations, des émotions, des pensées. Nous vivons également des changements, des joies, des souffrances, des séparations et des drames. Nous nous attachons à ces phénomènes passagers ou nous les rejetons ce qui perpétue le cycle de la souffrance. Toutes ces manifestations passagères, à l’échelle de nos courtes vies, sont pourtant autant de manifestations du caractère impermanent et illusoire de tous les phénomènes.

Prenons pour exemple, lorsque nous sommes allongés sur une plage, la couleur bleu d’un ciel d’été que nous voyons au dessus de nos têtes. Ce ciel bleu – que j’aime tant – n’a pas de réalité propre, bien que nous pensions qu’il existe réellement: derrière le ciel bleu et sans nuage se cache l’immensité de l’espace intersidéral qui nous est masquée par la lumière solaire se diffusant dans notre atmosphère. Si cette dernière n’existait pas, nous verrions une voûte céleste toute noire et les étoiles seraient visibles en plein jour. Le ciel bleu « n’existe » que suite à une conjonction de circonstances et de phénomènes passagers, mais il n’a pas de réalité tangible qui permettrait de le saisir. Dès que la position de la terre aura changé par rapport au soleil, la couleur du ciel changera pour offrir un magnifique coucher de soleil puis une nuit étoilée. Le ciel bleu est donc une illusion d’optique qui n’a pas plus de solidité intrinsèque qu’une aurore boréale ou un arc-en-ciel. On n’attrape pas un arc-en-ciel et si vous essayez de vous en rapprocher pour en saisir la nature, il disparait! Exactement comme disparait une sensation, une émotion ou une pensée que le méditant observe sans saisie, ni rejet. Aucun de ces phénomènes n’a d’existence propre.

Tout ce que nous percevons et interprétons de la vie: sensation, émotion, pensée, changement, joie, souffrance, séparation et drame fait partie du grand jeu de l’incarnation, « Lila ». Un jeu d’ombres et de lumières qui nous masque la nature des choses telles qu’elles sont. Tout ce que nous appelons « notre vécu » n’existe qu’au travers de notre propre regard. Et il suffit d’observer les supporters passionnés d’un match de foot pour constater que, lorsqu’un but est marqué, il peut être vécu comme un drame ou une joie ineffable en fonction du camp auquel on appartient et du regard que l’on porte sur un même évènement. 😉  Le phénomène est identique, vous en conviendrez, mais c’est notre interprétation de l’évènement qui créé de la joie ou de la souffrance. Est-ce vraiment différent de la Vie? Je n’en suis pas si sûr… Tout n’est qu’une question de perspective et notre vie se joue sur un terrain où nous sommes tout à la fois notre propre adversaire, notre propre arbitre, notre propre supporter et notre propre commentateur. Tant que nous ne réalisons pas que nous sommes à la fois auteur, acteur et spectateur de nos propres souffrances, le jeu des illusions continue: nous modelons alors nos vies en réaction à des perceptions illusoires et conditionnées. La bonne nouvelle c’est que, à chaque instant, nous disposons d’un pouvoir immense: celui de changer notre perception conditionnée afin de voir les choses telles qu’elles sont vraiment.

En pleine conscience nous pouvons choisir notre vie à chaque instant

Le psychiatre Victor Frankl, qui a survécu aux pires camps de la mort, a démontré que, pour nous les humains, il existe un « espace » entre stimulus et réponse. Tout n’est pas – dieu merci – qu’une affaire de réflexe conditionné, de réaction. Pour moi qui suis sujet à des colères noires, dans cet espace entre ce qui se produit dans ma vie et la façon dont je vais y répondre, il m’est toujours possible de choisir en conscience la réponse – l’action intentionnelle – que je vais poser ou pas, au regard de ce qui m’arrive à l’instant. Le choix est toujours là de me laisser emporter par une colère ou de prendre quelques grandes inspirations avant de m’exprimer calmement. Certes cela nécessite un apprentissage, un entrainement, mais c’est possible. Plus je m’entraine plus c’est facile et si je peux le faire, tu le peux aussi.

Stimulus > Liberté de Choisir > Réponse

La méditation de pleine conscience ou Mindfulness favorise l’exercice de ce pouvoir de choisir dont chacun de nous dispose, comme d’une clef personnelle. Alors si la Vie est comme un jeu, demandons-nous quelle réponse nous voulons donner à ce qui nous arrive ? Car c’est dans notre façon de répondre à ce qui se produit dans nos vies à chaque instant que se trouve la clef du bonheur.

En méditant avec moi pendant ces 21 jours, je vais commencer par te montrer comment utiliser intentionnellement ta propre clef personnelle en méditant sur les 21 piliers de la pleine conscience :

  1. Le non-jugement,
  2. La patience,
  3. L’esprit du débutant,
  4. La confiance en soi,
  5. Le non-effort,
  6. L’acceptation,
  7. Le lâcher-prise,
  8. Le plaisir des sens,
  9. La colère,
  10. La torpeur,
  11. L’agitation,
  12. Le doute,
  13. La transformation,
  14. L’authenticité,
  15. L’engagement,
  16. La créativité,
  17. La bienveillance,
  18. Le bonheur,
  19. la liberté,
  20. La joie,
  21. L’amour bienveillant.
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