J’ai longtemps défendu l’idée qu’il existe un sens de la vie et que soit on se trouve sur le bon chemin, soit on ne s’y trouve pas 😀 J’étais convaincu que chacun de nous naissait avec un destin particulier, un plan de vie à découvrir et une mission à accomplir. J’ai même fait la promotion de cette idée. Je pensais que soit je trouvais le sens de ma vie et je me mettais en marche pour réaliser le plan, soit je marchais à côté de ses pompes, complètement à l’aveuglette dans une vie insensée. Je soutenais l’idée que je ne pouvais pas prétendre être aux commandes de ma vie si je n’avais pas un but clair à atteindre et des objectifs précis. Et je pense encore que cette façon de concevoir la vie peut être utile à certaines étapes de l’existence, voire pour toute une vie. Tout dépend, en fait, de ce que chacun de nous a à apprendre au cours de son incarnation.

Et puis un proche a subi trois mois de coma après un accident de la route. Et lorsqu’il est revenu parmi les vivants, sa vie et la nôtre étaient devenues différentes. Je me suis interrogé sur le fait que quelqu’un qui nait ou devient handicapé moteur et/ou mental ne peut pas forcément construire sa vie comme je croyais devoir le faire, c’est-à-dire autour d’un plan de réalisation personnelle. Et si tout le monde ne le pouvait pas ou ne le voulait pas, que penser de cette notion de « sens de la vie »?

Comment ne pas « rater sa vie » – ou mieux la « réussir », selon le terme consacré – lorsque, par exemple, on est un enfant atteint par un cancer et qui ne dispose finalement que de très peu de temps pour atteindre un but ou accomplir la mission d’une vie? Comment alors parler de destinée sans mettre au rebut de la vie, sans culpabiliser, toutes celles et ceux que l’existence abime ou fauche beaucoup trop tôt? Comment regarder une personne fortement handicapée dans les yeux sans penser que sa vie n’aura que peu de sens au regard de ceux qui ont des buts, des objectifs et qui planifient leur existence? Cela ne me paraissait pas « humain », au sens noble.

Donner un sens à sa vie

Ma conception du sens de la vie était partiale, réservée aux actifs, aux valides, à celles et ceux qui peuvent se fixer des buts et des objectifs, aux cerveaux gauches qui planifient et organisent. Une conception égocentrique, toute préoccupée de moi-même et très courante dans les milieux du développement personnel que j’ai longtemps fréquenté. Cette perception de la vie faisait de moi le seul centre d’intérêt de ma propre existence. Il ne s’agissait que de réalisation individuelle, d’accomplissement personnel. Le « je » était plus important que « l’autre » ou que le « nous ».

Le sens de la vie consistait à parvenir à mes fins, par mes propres moyens et par mes propres forces, afin de démontrer ce dont j’étais capable. Mon existence, en fait, était toute consacrée à l’utilité, à faire des choses. Plus j’en faisais, plus je me sentais utile et si je ne pouvais rien faire je me sentais inutile, presque indésirable. Et je pensais sans bien le comprendre que lorsque je serai enfin parvenu au but, là-bas dans le futur, alors je me serai réalisé et je deviendrai une personne heureuse qui a « réussi sa vie ». Youpiiii… 😀 Et avec cette conception du sens de la vie, j’ai fait beaucoup de choses et j’ai même parfois soulevé des montagnes en investissant toute mon énergie dans des projets qui correspondaient à ce que je considérais être ma mission de vie.

Le vrai sens de la vie? Soi ou les autres?

J’ai perdu des proches et j’ai, comme beaucoup, déjà été confronté à ma propre mort. En méditant sur ce sujet, j’ai pris conscience que s’il existe une notion de destinée, celle-ci ne s’accomplit pas pour soi-même mais pour les autres. Car nous sommes tous reliés, connectés à des niveaux que l’ego – qui divise, sépare, catégorise – ne comprend et ne perçoit pas. Lorsque nous sommes « valides » c’est en nous mettant au service des autres que nous devenons ce que nous sommes réellement, que nous réalisons notre véritable nature.

Comment cela se produit-il?: c’est en passant dans le creuset des difficultés relationnelles, qui réclament bienveillance, coopération et partage, que nous pouvons être épurés. En donnant notre lumière, nous illuminons notre être et le sens de la vie se découvre sous la forme de cet amour qui n’existe pas pour soi-même mais pour les autres. C’est comme un ciel étoilé qui se dévoile après le passage des nuages de l’ego. Nous réalisons l’immense beauté de la Vie, l’interconnexion de tous les êtres et le mystère de leurs lumières intérieures qui, ajoutées les unes aux autres, illuminent toute la Création.

Alors, si un être nait malade ou « invalide », ou qu’il le devient du fait des circonstances, s’il n’est pas ou plus en mesure de se fixer un but, des objectifs ou une mission, cela importe peu. La valeur et le sens de sa vie sont intacts car sa condition terrestre est l’opportunité que la Vie offre de nous détacher de nos égos respectifs afin de grandir ensemble et d’illuminer le Monde. Bref, si la destinée individuelle s’accomplit dans le don de soi à quelque chose de plus grand que soi, le collectif, alors tout être humain, quelque soit sa condition terrestre, a une vie qui a du sens: comme dans la voute céleste, chaque lumière compte.

Quel est le bon sens de la Vie?

L’ego est fort et tout le monde ne comprendra pas ce que je dis. Cette conception altercentrique – centrée sur autrui – plutôt qu’égocentrique – centrée sur moi – a lentement mais sûrement modifié mes comportements quotidiens. J’ai fini par comprendre que mon sens de la vie consistait à courir après une ligne d’horizon imaginaire qui, au fur et à mesure que je m’en approchai, s’éloignait de moi. J’avais développé un style de vie d’insatisfait perpétuel, constamment projeté dans le futur, dans les possibilités imaginaires à venir.

Beaucoup d’aspects de ma vie étaient planifiés, organisés, millimétrés. Le « sens de la vie » et mon bien-être dépendaient de mes réalisations, de mes accomplissements et il était important que j’utilise tout ce qui était à ma disposition pour faire des choses et, quelque part, pour prouver ma valeur. Comme si cela était possible… Illusion. Car un nouveau-né a une valeur inestimable aux yeux de ses parents sans pourtant avoir jamais rien fait, rien accompli, rien prouvé. La « vraie » valeur d’un être ne se trouve donc pas dans ce qu’il fait mais dans ce qu’il génère chez les autres, dans la part d’amour qu’il illumine en eux. Indéniablement, mes réalisations furent très utile dans biens des domaines de l’ordre du faire et de l’avoir mais, quelque part, mon être restait assoiffé de quelque chose de plus simple, de plus pur, de plus essentiel. Quelque chose que je puisse savourer sans avoir rien à prouver ni à moi, ni à personne.

Et puis un jour que je méditais en marchant sur un chemin de randonnée, j’ai croisé quelqu’un. Rien que de très commun mais une question toute simple a surgi dans mon esprit: je me suis demandé lequel de nous deux était dans le « bon sens »?… Et là, ça a été comme un éclair, une illumination. J’ai réalisé que le bon sens de la vie, s’il y en avait un, c’était celui que chacun de nous avait choisi de suivre pour se rendre là où il avait décidé d’aller. Cela signifiait qu’il n’y avait pas de sens unique, ni de contresens sur le chemin. Le marcheur que je croisais était autant dans le « bon sens » que je l’étais et bien que nous soyons orientés dans des directions différentes, c’est le chemin lui-même qui nous reliait. En le gratifiant d’un immense sourire et d’un bonjour enjoué, je m’imaginais à quel point bien des conflits humains, des oppositions, paraitraient ridicules si – avec bienveillance, coopération et partage – nous laissions chacun libre et responsable de sa propre direction.

Ainsi celui qui avait décidé de construire sa vie autour d’un but et d’une mission était autant dans le vrai et le juste que celui qui avait décidé de vivre son existence au jour le jour. Aucun mode de vie ne devait prétendre être le meilleur, au mieux pouvait-ils se compléter pour s’équilibrer et s’harmoniser, comme le Yin et le Yang. Question de culture, d’éducation, de personnalité et de vécu. Qui étais-je pour juger du bien ou du mal fondé de l’une ou l’autre de ces manières de vivre? Qui étais-je pour juger qu’une vie avait plus de sens qu’une autre? Qui étais-je pour statuer sur le bon sens de la vie?

Il n’y a que le chemin de la vie…

Cette expérience m’a amené à considérer qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais sens sur le chemin de la  vie. Il y a juste… le chemin. 🙂 Et, pour caricaturer les choses, soit on est dessus, soit on y est pas. Et même cela, ça n’a pas d’importance. Tout au plus peut-on dire qu’on se perd parfois en chemin et qu’on se retrouve de temps en temps sur le bas côté, voire dans le fossé. Pourtant, même là, dans le fond du fossé, il y a du sens. Même lorsque cela prend le temps de mettre les choses en lumière, c’est fou tout ce que l’on peut découvrir au fond d’un fossé. Et, qu’on se le dise, il faut parfois toucher le fond avant de remonter à la surface et de rebondir sur le chemin… 😉

Pour moi, aujourd’hui, marcher sur le chemin consiste juste à apprécier l’incroyable improbabilité que j’ai de m’être incarné dans la matière. Cela consiste simplement à apprécier avec tous mes sens le fait d’être simplement en chemin. Je ne veux plus retourner là-bas ou j’étais avant d’arriver ici, ni aller au-delà d’ici après être passé par là. Je veux juste m’exercer à vivre et accueillir ce qui se produit pour moi ici et maintenant. Pleinement présent à ce qui est l’expérience de cet endroit précis du chemin. Ce faisant, je suis plus présent à moi-même et plus disponible pour les autres, pour nous. Avec ma pratique de la méditation de pleine conscience, j’apprends à apprécier le seul moment palpable, car le passé n’est plus et le futur n’est pas encore: seul le présent existe vraiment.

C’est peut-être ça le sens de la vie, l’essence de la vie: apprécier l’existence à chaque instant. Ainsi chaque pas sur le chemin prend tout son sens. Mais, bien évidemment, nul autre que soi-même ne peut répondre à cette question pour lui-même: quel est le sens de ma vie?

 

Je suis un être humain

Whaooouuuu 😀 😀 :-DQu'est-ce qui pourrait bien faire de nous des héros?Il y a des oeuvres qui me touchent et ce court-métrage en fait partie. Nos vies nous semblent parfois si ordinaires… Qu’est-ce qui pourrait bien faire de nous des héros? À cette question, deux artistes ont apporté de superbes pistes de réflexion. C’est bien simple, ils nous offrent 120 secondes d'un petit concentré de bonheur et d’optimisme comme on aimerait en croiser plus souvent. ;-)Carlos Chapman et Estelle Pesquier ont écrit et réalisé "Je suis un être humain", une merveille de simplicité et de poésie, en moins de 48h. Ils venaient de découvrir un festival de court-métrages auquel ils voulaient. Pas le temps pour des fioritures donc, juste l'essentiel en quelques plans et avec un très beau texte. Le résultat est bluffant et d’une grande justesse. <3 (y)Un court-métrage plein d'humanité et de bienveillance qui nous montre que nous sommes tous des héros sans le savoir! Merci.À PARTAGER SANS MODÉRATION.Retrouvez la page de Carlos ici: CquandCSa chaine Youtube: https://www.youtube.com/user/carloschapmanvideoSa chaine Vimeo: http://vimeo.com/carloschapmanP.S: Merci Carlos pour ton autorisation de diffuser cette oeuvre ici et je me réjouis de découvrir les 11 futurs court-métrages qui sont en préparation.*****************************Jean-Marcalias M. MindfulnessREJOIGNEZ LE GROUPE FB (10K+ membres)https://www.facebook.com/groups/MMindfulness/ET DÉCOUVREZ LE BLOGhttp://MMindfulness.fr

Publiée par Monsieur Mindfulness sur Jeudi 3 novembre 2016

 

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Jean-Marc Terrel
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